Louisa Yousfi. © A.Francin
Le Frac Poitou-Charentes poursuit avec cette invitation à Louisa Yousfi, une saison itinérante d'invitations faites à des auteur·trices, chercheurs et chercheuses et philosophes. Ces nouveaux rendez-vous viennent nourrir le dialogue entre la création contemporaine et d'autres champs, tout en développant une pensée critique riche. Ces moments visent à enrichir les échanges et réflexions qui relient communautés d’artistes, acteur·ices culturel·les, futur·es professionnel·elles de l’art, habitant·es et publics de tous horizons.
Louisa Yousfi est autrice, journaliste et critique littéraire. Elle est l’autrice de Rester barbare (La Fabrique, 2022), ouvrage dans lequel elle s’empare du motif de « la barbarie » emprunté à l’écrivain algérien Kateb Yacine pour proposer un récit à la fois politique et littéraire de ce (re)devenir barbare des Noirs et des Arabes de France. Elle a participé à l’ouvrage collectif Contre la littérature politique (avec Pierre Alferi, Nathalie Quintane, Leslie Kaplan, Tanguy Viel et Volodine, La Fabrique, 2024). Son dernier livre, La grande méthode (La Fabrique, février 2026 - à paraître), raconte le voyage d'une famille de l'immigration algérienne pour enterrer le père au pays. Cette traversée est l'occasion d'une crise intime mais aussi de visions mystiques où se mêlent retour en Palestine et oiseaux fantasmagoriques.
Cette rencontre est organisée en partenariat avec le Musée d’Angoulême & la médiathèque Alpha GrandAngoulême
Informations pratiques
À la médiathèque l’Alpha, 1 rue Coulomb, 16000 Angoulême
Gratuit, sur inscription en ligne ou par téléphone
Pour aller plus loin
Découvrir son projet pour la Villa Médicis
Son projet de résidence est consacré à l’écriture d’une œuvre de fiction à partir d’une famille franco-algérienne éprouvée par la mort du père, récit qu’elle travaillera à mettre au contact d’autres traditions d’écriture que la forme témoignage ou le document d’archives, et d’une langue portée par un syncrétisme radical. Il y sera question notamment de contes perdus, d’héritage secret, de biologie spirituelle, de télépathie intergénérationnelle entre un peuple de fantômes indigènes et leurs descendants engagés dans une série de « travaux herculéens » à réaliser dans un monde de plus en plus hostile.
Rester Barbare, une utopie décoloniale
Nés dans la bouche de l’extrême-droite, les termes « ensauvagement », « racaille » ou encore « barbare » sont fréquemment repris dans les sphères politique et médiatique, de manière complètement décomplexée. Ils renvoient à un imaginaire raciste et colonial selon lequel il y aurait des races inférieures, primitives, incivilisées. Pour s’intégrer à la société, le ou la barbare devrait alors, selon cette idéologie, nier sa culture, ses origines et son identité.
Que désigne la figure du barbare ? Comment la réappropriation de ce terme peut-elle servir de paravent face à l’oppression raciste ? Dans quelles mesures ce motif de la barbarie est-il genré ? La violence est-elle le seul moyen dont disposent les minorités pour rétablir un rapport de force avec le pouvoir ?
Pour en parler, Rokhaya Diallo et Grace Ly reçoivent la journaliste et autrice Louisa Yousfi. Partant de l’expression de l’écrivain algérien Kateb Yacine, l’invitée propose dans son essai de Rester barbare (éd. La fabrique, 2022). Elle retourne le stigmate de ce mythe dans un cadre littéraire et esthétique, pour élaborer un espace de contestation face à la tentative de domestication raciste.